19 Juin 2021
Le rempotage est un soin indispensable, qu’il ne faut pas oublier et qui doit être réalisé avec certaines précautions, afin de conserver de belles plantes.
Le rempotage doit être effectué pour deux raisons. La première est qu’au fil du temps le substrat de nos plantes se dégrade et se décompose suite aux arrosages, avec comme conséquence une destruction des racines. Ensuite, il permet à la plante de retrouver un « espace vital » plus adapté aux racines, que la plante se soit trop développée avec beaucoup de racines ou ait des racines pourries. Il importe cependant de limiter autant que possible les rempotages ; certaines orchidées les tolérant très mal.
Le moment idéal pour rempoter une plante est celui où la plante se trouve en période végétative très active.
Pour les orchidées sympodiales (celles qui se développent en formant des pseudo-bulbes : Cattleya, Dendrobium, Cymbidium, etc.) : lors du démarrage des nouvelles pousses à la base des pseudo-bulbes avant que la plante n’émette de nouvelles racines.
Pour les orchidées monopodiales (celles qui ont une seule tige qui grandit au fil du temps : Phalaenopsis, Vanda, Angraecum, etc.) : lors de l’apparition de nouvelles racines ou éventuellement d’une nouvelle feuille.
Il ne faut jamais rempoter une plante qui est en fleurs ou sur le point de fleurir car le stress engendré par le rempotage peut faire avorter la floraison. De même, il est préférable d’éviter de rempoter les plantes durant la période de novembre à la mi-février quand les jours sont les plus courts.
Les plantes seront rempotées tous les 2-3 ans sauf les jeunes plantes et les Paphiopedilum qui seront rempotés tous les ans.
Les signes qu’il faut regarder pour savoir si une orchidée a besoin d’être rempotée sont :
Il faut toujours vérifier la nature et l’état du substrat après l’achat d’une plante. Lors de celui-ci il est souvent difficile de savoir la date du dernier rempotage. Si la plante ne présente pas de signes qui justifient un rempotage urgent, on peut considérer que celui-ci remonte à environ 1 an. Souvent, des plantes acquises en jardinerie sont installées dans de la tourbe pure et il est donc prudent de les rempoter (en fonction de l’avancement de la floraison).
S’il y a urgence à rempoter, mais que l’état sanitaire de la plante ou que la saison ne le permet pas, il y a la possibilité de mettre, transitoirement en attendant un meilleur moment, son pot dans un second pot plus grand et de remplir l’espace entre les deux pots avec un substrat approprié.
Dans la nature les orchidées poussent dans des milieux extrêmement diversifiés. La plupart d’entre-elles, celles appelées épiphytes, vivent accrochées aux troncs et aux branches des arbres qu’elles n’utilisent que comme support. Cela permet aux racines de respirer, de profiter de la pluie et de l’humidité ambiante. Ces orchidées puisent leur nourriture dans les débris organiques (essentiellement végétaux) dispersés par le vent et la pluie dans les anfractuosités des écorces. C’est ce qu’il faut essayer de reproduire en culture. Le substrat du pot n’est pas là pour nourrir la plante (ce sont les engrais qui servent à remplir ce rôle) mais pour maintenir un niveau d’humidité autour des racines tout en permettant une bonne circulation d’air.
En pratique, professionnels et amateurs finissent par inventer leurs propres substrats.
Ils sont composés essentiellement de morceaux d’écorces de pins (80 à 90%) avec de l’argile expansé, un peu de polystyrène, de la mousse synthétique, etc. et répondent très bien aux besoins des plantes. Ce sont eux les plus adaptés pour cultiver les orchidées dans nos intérieurs : ils retiennent raisonnablement l’eau des arrosages qui peut s’écouler rapidement sans stagner, l’air circule bien autour des racines, ils ne se dégradent pas trop vite.
Les écorces peuvent être utilisées pures mais il faut faire attention à choisir la bonne granulométrie.
La sphaigne est recommandée pour les orchidées qui apprécient un substrat constamment humide. Elle régule naturellement les excès d’eau des arrosages et a des propriétés antiseptiques. Elle peut être mélangée à un substrat à base d’écorces de fine granulométrie (moitié-moitié). Elle demande des apports d’engrais foliaires et des rempotages fréquents (tous les 6 à 12 mois). Utilisée pure, elle stimule très bien l’apparition de nouvelles racines et de nouvelles pousses. Elle est donc recommandée lorsqu’une plante a son système racinaire détérioré, le temps du redémarrage de la végétation. Elle est aussi idéale pour faire démarrer des plantules lors de leur sortie de flacon. Celle trouvée dans le commerce provient de Nouvelle-Zélande ou du Chili sous forme de blocs séchés et compactés. Il faut bien la mouiller et l’essorer ensuite avant de l’utiliser.
La laine de roche demande de la part des particuliers une bonne expérience en matière d’arrosages. D’une part, sa capacité à absorber et retenir l’eau peut favoriser un risque de pourriture des racines ; d’autre part, lorsqu’elle est sèche, elle peut absorber l’eau contenue dans les racines et engendrer une déshydratation de la plante. Comme elle est compacte, elle peut entraver la respiration au niveau des racines. Elle demande également quelques précautions de manipulation dont le port d’un masque et de gants. Elle peut être utilisée pure ou mélangée à un substrat à base d’écorces de fine granulométrie. Elle convient bien aux Paphiopedilum, Phragmipedium, Lycaste et Cymbidium.
Difficile à garder humide (souvent trop mouillée ou trop sèche), la tourbe a, de plus, le désavantage de retenir les sels contenus dans les engrais et de ce fait risque d’occasionner des brûlures aux racines sauf si on utilise un engrais foliaire et que l’on rince bien le substrat à l’eau claire entre chaque fertilisation. Quand elle est trop compacte, elle n’assure pas une aération suffisante des racines et ne plait donc pas aux orchidées épiphytes. Par contre, elle peut être recommandée pour la culture des orchidées terrestres ou semi-terrestres qui apprécieront sa propension à retenir l’eau.
Elle peut être utilisée à la place ou en complément du Sphagnum. Elle joue un rôle similaire mais, néanmoins, avec un pouvoir d’absorption de l’eau un peu plus faible.
Ces matières conviennent très bien à la culture dans les zones tropicales où l’atmosphère est saturée en humidité car elles évitent les problèmes de pourritures. Chez nous, elles sont ajoutées au substrat de base ou dans le fond du pot pour assurer un meilleur drainage. Elles ont l’avantage de favoriser le développement des racines à l’intérieur du pot.
Attention, ici nous parlons de charbon de bois non traité et pas d’un charbon de bois traité comme celui utilisé pour les barbecues car celui-ci brûle les racines.
Ajouté au substrat de base, il est un excellent antiseptique qui permet de lutter contre la pourriture des racines et de prévenir une éventuelle infection bactérienne. Il est recommandé pour la culture d’orchidées qui demandent des arrosages fréquents et des substrats assez compacts.
Ils peuvent être récupérés sur des bouteilles de vin car le tanin semble plaire aux orchidées. Ils peuvent être coupés en deux et mélangés au substrat de base. Ils plaisent bien aux Vanda et aux Phalaenopsis.
Il est possible d’ajouter 10 à 20% de terreau de feuilles ou de feuilles hachées de chêne, par exemple, au substrat de rempotage d’orchidées semi-terrestres gourmandes en engrais et ayant un fort développement.
Les qualités recherchées pour avoir un bon substrat sont :
Les professionnels ont abandonné l’usage des pots en terre cuite au profit des pots en plastique (de couleur ou transparents) pour des raisons pratiques (poids, maniabilité, arrosages plus fréquents, etc.) et économiques mais rien ne vous empêche d’employer des pots en terre cuite. Ceux-ci présentent de nombreux avantages. D’abord ils sont esthétiques et bien stables. Ils permettent également une meilleure respiration des racines et limitent les excès d’arrosages. Ils protègent les racines des excès de chaleur, ce qui convient très bien aux orchidées de serre froide. Par contre, ils sont plus chers que les pots en plastique et, du fait de leur meilleur drainage, demandent des arrosages plus fréquents. Ils retiennent également les sels contenus dans les engrais ce qui peut entrainer un risque de brûlures des racines et les racines adhèrent très fort à leurs parois et peuvent être fortement endommagées lors des rempotages.
Les pots en plastique transparents, quant à eux, ont l’avantage de permettre de voir au travers l’état sanitaire d’un certain nombre de racines et leur besoin en eau mais ils présentent l’inconvénient de favoriser le développement d’algues si aucun cache-pot n’est utilisé. À noter que les pots de couleur foncée retiennent plus la chaleur que les pots plus clairs, ce qui peut devenir gênant en été.
Pour donner un aspect plus naturel, on trouve aujourd’hui sur le marché des pots en fibres de noix coco compressées.
Pour les orchidées qui ne supportent pas d’avoir leurs racines enfermées dans un pot ainsi que pour celles dont la hampe florale démarre dans le substrat, il existe des paniers ajourés soit en plastique, soit sous forme de clayettes en bois. Il est possible également de les fabriquer soi-même à partir de grillage à larges mailles.
Quel que soit le pot choisi, il doit permettre un bon écoulement de l’eau.
Il ne faut pas oublier que dans la nature la plupart des orchidées se passent de substrat et qu’ainsi en culture elles pourraient très bien se passer de pot dans des conditions optimales de culture (hygrométrie de 70 à 80%, par exemple).
Le plus important est que la taille du pot soit proportionnelle au volume des racines et pas à celui de la plante.
Un pot d’un diamètre supérieur de 1 à 2 cm au pot précédent, pour une plante qui n’a pas perdu de racines, est suffisant. Il faut penser qu’au plus le pot est grand, au plus le volume de substrat est important et au plus les racines doivent être nombreuses afin d’absorber rapidement l’eau contenue dans celui-ci. Avec moins de racines, dans un tel pot, la plante consommera moins l’eau des arrosages et un risque de pourriture n’est pas exclu.
Il faut, de préférence, installer une seule plante par pot. En effet, les besoins des plantes peuvent différencier au cours de l’année et si une d’entre elles tombe malade, placées dans un même pot, on se retrouve avec un risque de contamination important. Par contre, il est permis de regrouper plusieurs plantes, installées chacune dans un pot particulier, dans un grand contenant (panier, coupe, etc.) car dans ce cas il est possible de retirer une plante dès que l’on s’aperçoit d’un problème sanitaire.
Préparez à l’avance tout le matériel nécessaire : substrat, pots, sécateur, poubelle, de quoi stériliser votre sécateur entre chaque plante (briquet, petit réchaud à gaz), bain fongicide éventuel, etc.
Humectez le substrat et laissez-le reposer quelques heures pour qu’il soit à température ambiante et que ses composants aient le temps de bien s’imprégner d’eau.
Désinfectez les lames du sécateur à la flamme (cette opération doit être effectuée entre chaque plante).
Coupez les hampes florales, supprimez les vieilles feuilles.
Prenez la plante et maintenez-la au-dessus de la poubelle. Sortez-la du pot en tapant le pot brutalement contre le rebord de la table si nécessaire. Si les racines adhèrent au pot et que vous ne parvenez pas à retirer la plante, cassez ou coupez le pot.
Otez la totalité du vieux substrat tout en démêlant le plus possible les racines.
Eliminez les racines qui sont mortes, abîmées ou cassées. Raccourcissez les plus longues de quelques cm. Profitez de cette opération pour retirer les vieux pseudo-bulbes des orchidées sympodiales en sectionnant le rhizome à leur base ou pour diviser, éventuellement, votre plante (chaque division doit comporter au moins 4 ou 5 pseudo-bulbes vigoureux). Coupez la base des tiges dégarnie de racines des plantes monopodiales.
Un rapide trempage des racines dans une solution fongicide peut être fait après cette opération car il élimine le risque de pourriture.
Pour que les petites plaies occasionnées aux racines aient le temps de cautériser, attendez quelques heures (8 à 24h) avant de procéder à la mise en pot.
Si les racines de l’orchidée sont trop sèches et cassantes, assouplissez-les en les trempant dans l’eau pendant 10 à 20 minutes avant la mise en pot.
Prenez un pot d’une taille correspondant au volume des racines.
Tapissez éventuellement le fond de billes d’argile, de pouzzolane ou de morceaux de polystyrène afin d’améliorer l’écoulement de l’eau. Recouvrez-le d’un peu de substrat.
D’une main, maintenez la plante au-dessus du pot et faites descendre, de l’autre main, les racines dans celui-ci. S’il s’agit d’une plante monopodiale, centrez-la dans le pot. S’il s’agit d’une orchidée sympodiale, placez la plante de manière à ce que les jeunes pousses soient à distance du bord. Veuillez à ce que les racines soient bien écartées les unes des autres. Le collet de votre plante (c’est-à-dire le point de jonction des racines et de la tige) ou les nouvelles pousses doivent arriver à environ 1 ou 2 cm du bord supérieur du pot.
Remplissez le pot de substrat en le faisant bien passer entre les racines. Pour finir, prenez le pot à deux mains en maintenant la plante et tapotez le fond de celui-ci sur votre plan de travail afin que le substrat passe bien entre tous les interstices. Rajoutez si besoin un peu de substrat. Vérifiez que la plante soit bien stable dans le pot afin de favoriser un meilleur enracinement.
Il est parfois nécessaire de tuteurer la plante pour la maintenir en place (et minimiser le risque de détérioration des jeunes racines) ou la diriger correctement. Par exemple, si l’orchidée a une certaine hauteur (Cattleya, Laelia, Vanda, etc.) ou si son feuillage est très important par rapport au volume de ses racines. Pour les orchidées monopodiales, le tuteur est mis contre la tige afin d’assurer son développement vertical. Il est enfoncé jusqu’au fond du pot et fixé à la plante par des liens. Pour les orchidées sympodiales, il faut faire attention à ne pas blesser les jeunes pousses, ni gêner leur croissance. Le plus simple est de le placer contre un ancien pseudo-bulbe. Plusieurs tuteurs sont parfois nécessaires.
Si la plante a perdu presque toutes ses racines, il est possible de la maintenir dans le pot avec un fil de fer souple enrobé de plastique et plié en deux (façon pince à chignon).
Pensez à étiqueter chaque plante en indiquant son nom et éventuellement la date du rempotage.
Le rempotage représente un stress pour la plante et il lui faudra quelques semaines pour récupérer et cicatriser d’éventuelles blessures au niveau des racines.
Il faut, dans un premier temps, éviter d’arroser la plante pendant 2 à 3 semaines car si les plaies encourues lors du rempotage sont mouillées, elles risquent de s’infecter (bactéries, champignons) et de pourrir. La fertilisation ne sera reprise qu’après environ 1 mois lorsque les nouvelles racines mesurent de 3 à 5cm.
Pour compenser cette absence d’arrosage, il est nécessaire de faire des vaporisations quotidiennes, de préférence le matin, sur la surface du substrat afin d’humidifier le premier cm de substrat qui est l’endroit où les nouvelles racines vont apparaître. On peut éventuellement vaporiser l’envers des feuilles (là où se trouvent les stomates).
La plante doit être maintenue dans un endroit lumineux à l’abri du soleil direct et des fortes chaleurs.
De légers bassinages (passages d’eau rapide à la surface du substrat) peuvent être faits pour des plantes qui détestent la sècheresse autour de leurs racines (Paphiopedilum, Phragmipedium, etc.).