2 Juin 2012
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, connue par son sigle CITES est appelée également Convention de Washington.
C’est un accord international entre Etats qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.
Aujourd'hui, elle confère une protection (à des degrés divers) à plus de 30.000 espèces sauvages.
Les Etats qui acceptent d'être liés par la Convention (qui "rejoignent" la CITES) sont appelés "Parties". La CITES compte actuellement 175 Parties.
La CITES est contraignante – autrement dit, les Parties sont tenues de l'appliquer. Cependant, elle ne tient pas lieu de loi nationale; c'est plutôt un cadre que chaque Partie doit respecter, et pour cela, adopter une législation garantissant le respect de la Convention au niveau national.
Aucune espèce protégée par la CITES n’a disparu par suite du commerce depuis que la Convention est entrée en vigueur.
Toute importation, exportation, réexportation (exportation d'un spécimen importé) ou introduction en provenance de la mer de spécimens des espèces couvertes par la Convention doit être autorisée dans le cadre d'un système de permis. Chaque Partie à la Convention doit désigner au moins un organe de gestion chargé d'administrer le système de permis et au moins une autorité scientifique qui lui donne son avis sur les effets du commerce sur les espèces.
Les espèces couvertes par la CITES sont inscrites à l'une des trois annexes de la Convention selon le degré de protection dont elles ont besoin.
Annexe I
Annexe II
Annexe III
Un spécimen d'une espèce CITES ne peut être importé dans un Etat Partie à la Convention ou en être exporté (ou réexporté) que si le document approprié a été obtenu et présenté au point d'entrée ou de sortie. Les dispositions varient quelque peu d'un pays à l'autre aussi faut-il toujours les vérifier car les lois nationales peuvent être plus strictes.
Les orchidées sont inscrites à la CITES, du fait de leur commerce très important et des menaces pesant sur les populations naturelles. Elles sont classifiées comme suit dans les différentes annexes :
Il s’agit de (actualisé en octobre 2010) :
Pour ces espèces :
Il s’agit de toutes les Orchidaceae (exceptées celles inscrites sous l’annexe I).
Ne sont pas pris en compte :
Pour ces espèces :
Il f
Le commerce des Orchidées est donc très réglementé, puisque toutes les espèces sont inscrites soit à l’annexe I, soit à l’annexe II.
Des permis d’exportation (vendeur) et d’importation (acheteur) sont nécessaires en général pour l’achat de plantes à l’étranger.
Il existe certaines dérogations aux principes généraux énoncés plus haut comme par exemple pour les plantes faisant partie d’expositions…
Toute personne souhaitant importer ou exporter/réexporter des spécimens d'une espèce CITES devrait contacter les organes de gestion CITES des pays d'importation et d'exportation/réexportation qui les renseigneront sur les règlements en vigueur.
Quand un spécimen d'une espèce CITES est transféré d'un pays Partie à la Convention vers un autre qui ne l'est pas, le pays Partie peut accepter des documents équivalents aux permis et aux certificats mentionnés plus haut.
Dans l’Union Européenne, les achats dans un pays de l’Union ne nécessitent en général pas de papier, sauf pour les espèces de l’annexe I. Les achats dans des pays non membres de l’UE requièrent les papiers d’accompagnement (permis phytosanitaire et permis d’importation nécessaires selon les législations nationales).
Il existe en Allemagne (Orchideen-Koch) et en Italie (Azienda Agricola Nardotto e Capello), des établissements horticoles spécialisés dans la reproduction des espèces classées dans l’annexe I de la CITES et reconnus comme tels par la convention. Cela permet d’obtenir des plantes sans avoir à faire les papiers nécessaires, ce qui peut être parfois compliqué.
En Suisse il n’y en a pas pour l’instant. Et comme la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, un permis doit normalement accompagner toute espèce d’orchidée achetée à l’étranger, que ce soit en Europe ou ailleurs (original du certificat CITES délivré par le pays de provenance). Il n’est pas nécessaire d’avoir un permis d’importation pour les particuliers. Par contre un permis phytosanitaire doit impérativement accompagner l’envoi. L’achat en Suisse ne nécessite pas de papiers.
90% du volume des orchidées du commerce international sont des orchidées reproduites
artificiellement.
Au commerce légal des orchidées sauvages s’ajoute malheureusement un important commerce illégal. Certains collectionneurs recherchent des spécimens sauvages ou des spécimens d’espèces qui ne sont
pas reproduites artificiellement. D’autres recherchent des plantes inscrites à l’annexe 1. Il y a ainsi, par exemple, un gros trafic de Paphiopedilum venus d’Asie.
Comme habituellement les orchidées sont vendues sans fleurs, leur identification est
difficile. Il devient donc important que les douanes puissent différencier une plante issue d’une collecte sauvage d’une plante reproduite artificiellement.
Une plante est dite « reproduite artificiellement » si elle est produite dans des conditions contrôlées, c’est-à-dire dans un milieu non naturel (mise en pot, traitement contre les
nuisibles, protection contre le soleil, arrosages et fertilisation réguliers…)
Dans la nature, les plantes ne bénéficient pas de tous ces soins et peuvent avoir des marques d’un manque d’eau, de piqûres d’insectes… Autant d’indices à rechercher.
Les racines des orchidées sauvages sont souvent abîmées. En effet, les plantes sont
habituellement manipulées par plusieurs personnes (cueilleur, intermédiaire(s), exportateur) avec à chaque fois un risque de blessure. De plus, il arrive souvent qu’elles aient été endommagées
lors de l’arrachage à leur support ou qu’une partie du support ou du substrat y reste attachée.
Ces racines prennent souvent la forme de la branche ou du rocher où la plante était fixée. Les racines des orchidées vivant dans les arbres sont souvent parallèles et suivent le trajet
d’écoulement de l’eau.
Quant aux orchidées reproduites artificiellement, leurs racines sont habituellement saines, poussent dans différentes direction et épousent la forme du pot.
Les orchidées sauvages ont souvent les feuilles écrasées ou arrachées suite aux différentes
manipulations. Elles présentent des traces laissées par des nuisibles (insectes, petits mammifères, larves…). On peut y trouver des algues, des mousses ou lichens.
Ces plantes transitent souvent plus longtemps (de l’endroit de prélèvement jusqu’au destinataire), elles peuvent montrer des signes de déshydratation. Bien sûr, ces signes peuvent apparaître chez
des plantes reproduites artificiellement quand elles ont manqué de soins mais habituellement les plantes reproduites artificiellement ont des feuilles saines et intactes.
Les plantes cultivées à l’extérieur dans des conditions non contrôlées (par exemple sans protection, sur des caféiers de plantation…) ne peuvent être commercialisées en tant que plantes « reproduites artificiellement ». Elles ressembleront davantage aux plantes sauvages et la distinction est parfois difficile.
La CITES a ses limites. Selon les pays, les contrôles sont moins stricts et des permis de « complaisance » sont parfois délivrés, ce qui permet une collecte soi-disant légale en milieu naturel. Cela est relativement fréquent dans le commerce des orchidées d’Asie du sud-est.
Les différents problèmes rencontrés sont principalement le manque de connaissances scientifiques et la difficulté de différencier une plante propagée artificiellement ou prélevée en nature. Ce travail est du ressort d’experts, qui ne sont pas toujours présents lors des contrôles.
Un autre problème qui se pose est la question des plantes « wild collected » présentes sur les listes de certains vendeurs. Après discussion avec plusieurs de ces vendeurs et également des collaborateurs du Jardin botanique de Berne, il apparaît la plupart du temps que ces plantes ont été légalement récoltées sur des sites destinés à la construction de routes, de barrages ou d’exploitation de palmiers. Le nombre de plantes peut parfois sembler élevé, car toute une population peut se trouver sur les sites concernés. Mais si la plupart de ces récoltes sont autorisées, il y a aussi des récoltes illégales, mais néanmoins accompagnées de permis CITES, souvent attribués après quelques faveurs accordées aux fonctionnaires. Mais pour l’acheteur, il est quasiment impossible de savoir quelle est la provenance exacte, et seule la crédibilité du vendeur est engagée ...
Donc si vous voulez acheter des plantes, renseignez-vous toujours sur la législation en vigueur. Une livraison non accompagnée des papiers nécessaires et contrôlée par la douane peut mener à une condamnation et une forte amende ... alors renseignez-vous ou abstenez-vous.